Du sentiment de liberté à l'exercice de la liberté

Souvent, nous tendons à situer l'expérience de la liberté dans le sentiment d'être libre. Je me sens libre quand j'ai le sentiment de faire ce que je veux, c'est-à-dire : 

• quand je sens que j'agis sans rencontrer de contraintes ;
• quand je sens que je peux choisir un parti ou le parti contraire sans que rien ne me détermine. 

Or, le sentiment d'être libre, loin d'être la preuve de notre liberté, semble relever de la subjectivité de mon point de vue : 

• l'absence de contrainte n'est jamais pleinement réalisée ;
• je peux me tromper quand je crois faire ce que je veux, car je confonds l'objet de ma volonté et la satisfaction de mes désirs ;
• je peux être dans l'illusion de choisir librement parce que j'ignore les causes qui déterminent et expliquent mes choix.

Faut-il en conclure que l'expérience de la liberté est illusoire ?

Non, mais il s'agit de travailler notre conception de la liberté, afin de la faire correspondre à l'expérience que nous en avons.

• L'existence de la contrainte n'empêche pas l'exercice de notre liberté intérieure.
• L'existence des déterminismes n'empêche pas de nous en libérer. 
• Plus fondamentalement, la liberté est constitutive de notre humanité. Non seulement la liberté est un droit essentiel et inaliénable, mais l'exercice de la liberté relève du devoir.

Dans la mesure où nous sommes les auteurs de nos actes, nous avons à en assumer les conséquences. L'expérience de la liberté se situe alors moins dans le sentiment d'agir sans contrainte que dans le devoir de répondre de nos actes. 

Dès lors, la liberté se situe dans une expérience morale, qui consiste à se donner à soi-même les lois auxquelles on obéit, en tant que personne et en tant que citoyen.

L'autonomie de la volonté nous fait alors connaître, en acte, que nous sommes libres.